Observatoire des prix 2024

5 avril 2025

Familles Rurales, l’une des principales associations de défense des consommateurs et 1er Mouvement familial, a réalisé, pour la 18ème année consécutive, son observatoire des prix de grande consommation.

Nos principaux résultats :

0% d’inflation alimentaire entre 2023 et 2024 : une accalmie qui cache une réalité plus sombre : +21% d’augmentation en 3 ans (2021-24) poussant le nombre de précaires alimentaires a son paroxysme – 11 millions de personnes désormais concernées.1

Un fort ralentissement de l’inflation alimentaire en 2024 après deux années d’augmentation exponentielle : + 0% sur 12 mois mais +21% sur trois ans

Une stabilisation globale du prix de notre panier qui cache d’importantes variations en fonction des catégories : + 11,7% du côté des matières grasses versus -3,2% pour la catégorie « viande – œuf – poisson »

S’alimenter conformément aux préconisations du PNNS (plan national nutrition santé) coûte entre 533€ et 1292€ tous les mois à une famille de 4 personnes (2 adultes – 2 enfants) 

Le prix moyen mensuel de notre panier économique « varié » pour une famille de 4 personnes s’élève à 804€, 903€ pour les marques nationales et 1 292€ pour le bio

Cette note tombe à 533€ quand on varie moins les produits tout en respectant le PNNS et le cycle des saisons

Surfaces de vente : les supermarchés se distinguent par une augmentation du prix de notre panier économique (+1,6%) là où il baisse en EDMP et en hypermarchés (respectivement de -0,4% et de -1,1%)

Alors que la période de négociations commerciales a pris fin ce mois de mars, Familles Rurales regrette le manque d’ambition du gouvernement à l’égard des consommateurs. Si, de manière très légitime, les aspirations de nos producteurs semblent lentement émerger dans le débat public, le risque est grand de laisser penser que la solution se trouverait exclusivement du côté des consommateurs et particulièrement du « prix » qu’ils seraient en capacité de payer ou pas.

Qu’il s’agisse de la métropole comme de nos territoires Outre-mer et en particulier de Mayotte où les conditions de vie s’avèrent trop souvent délétères, Familles Rurales exhorte les pouvoirs publics à rétablir un équilibre entre profits légitimes et abus manifestes au détriment tant des plus faibles que de nos finances publiques. En effet, le coût social d’une alimentation inadaptée avoisinait 20 Md€ (1% du PIB)2  en 2012, soit 2,5 fois le budget du ministère de l’agriculture par exemple.

Pour y parvenir, Familles Rurales sollicitera plusieurs rendez-vous auprès de différents groupes parlementaires afin, à défaut d’avoir obtenu des avancées de la part de l’exécutif, de les envisager par la voie législative. 

Pour Familles Rurales, il est aussi et surtout, du devoir d’un État comme la France de prioriser la santé de ses concitoyens aux intérêts particuliers de grandes entreprises. Le temps est venu d’avoir le courage politique dont a su faire preuve le parlement argentin fin 2021 en promulguant une loi dite « de promotion de l’alimentation saine ». Cette dernière a :

  • Rendu obligatoire l’apposition sur le devant des emballages, des étiquettes de mises en garde en forme d’octogones noirs, portant l’inscription « Teneur excessive en... ». Ainsi, l’excès de sucre, de graisses ou de sel dans certains produits transformés et ultra-transformés apparaît désormais de manière non équivoque ;
  • Imposé la mise en place d’un système type Nutri-score ;
  • Interdit la vente en milieu scolaire de produits affichant ces étiquettes de mises en garde, ainsi que toute publicité de ces produits destinée aux enfants et aux adolescents. De manière plus globale, elle prévoit un volet « éducation alimentaire » visant à contribuer au développement d’habitudes alimentaires saines et à prévenir certaines pathologies.

NOS PROPOSITIONS POUR UNE ALIMENTATION ACCESSIBLE, SAINE ET DURABLE

Accompagner les consommateurs vers une meilleur composition de leur assiette tout en maitrisant leur budget 

Le choix des produits reste déterminant pour limiter les hausses de budget tout en garantissant un bon équilibre alimentaire, les fruits et légumes qui doivent représenter un peu plus de 31% de nos assiettes coûtent précisément la même part dans le budget à consacrer à une alimentation saine

Imposer la transparence des marges y compris arriÈres et taxer lourdement les profits manifestement excessifs

Entre 2020 et 2023, le prix de l’alimentation payé par les consommateurs augmentait de +22,5%. Dans le même temps, le groupe Carrefour a vu le montant de son dividende par action augmenter de +81%, celui de LDC (Le Gaulois, Maître Coq, Marie, Loué, Matines…) a doublé +100%. L’Autorité de la concurrence n’a pas manqué de dénoncer des marges excessives mais que fait l’Etat pour ré équilibrer les forces en présence ?

Mais aussi : 

  • La mise en œuvre d’un « Bouclier Qualité Prix » BQP, déjà appliqué en outre-mer, visant à sacraliser un panier composé d’une cinquantaine de produits sains tant pour notre santé, pour notre environnement que pour notre pouvoir d’achat dont les prix seraient plafonnés après concertation avec l’ensemble des acteurs ;
  • L’abandon des « sur-marges » imposées par la loi (seuil de revente à perte + 10%), loin d’avoir fait la preuve de leur efficacité en termes de meilleure rémunération des producteurs, elles pèsent lourd sur le pouvoir d’achat des consommateurs ;
  • Une plus grande implication des professionnels de santé pour accompagner les parents dans leur rôle éducatif y compris après la phase de diversification alimentaire. Si les pères et mères semblent sensibles à l’équilibre nutritionnel des tout-petits, dès l’âge de 3 ans, cette conscience semble s’atténuer dangereusement puisqu’un enfant sur 10 seulement consomme les portions de fruits et de légumes recommandées quotidiennement3 ;
  • L’ouverture aux activités péri et extra-scolaires des financements européens qui existent pour promouvoir les produits dont les enfants ont besoin pour « bien grandir ». Des financements sont disponibles mais la France4 n’utilise pas l’intégralité de son enveloppe car ils sont aujourd’hui limités au seul cadre scolaire déjà très chargé ;
  • L’interdiction des publicités à destination des enfants faisant la promotion de produits trop gras, trop sucrés, trop salés et dont il est établi qu’elles en déclenchent en grande partie l’achat.

1https://www.credoc.fr/publications/en-forte-hausse-la-precarite-alimentaire-sajoute-a-dautres-fragilites

2https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2016/09/06/tresor-eco-n-179-obesite-quelles-consequences-pour-l-economie-et-comment-les-limiter

3N° 315 • ISSN 0295-9976 • mars 2021 : Renversement de tendance : les Français végétalisent leur alimentation • https://www.credoc.fr/download/pdf/4p/CMV315.pdf

4Le programme européen « Fruits et légumes à l’école » et « Lait et produits laitiers à l'école » https://agriculture.gouv.fr/le-programme-europeen-fruits-et-legumes-lecole-et-lait-et-produits-laitiers-lecole 

 

Contact presse :

Niki Vouzas - Tel. 06 49 49 75 17 - niki.vouzas@famillesrurales.org